Roanne et le textile, la bonneterie Roannaise

Le tissage est implanté depuis longtemps sur Roanne  et, déjà dès 1881, avec les premiers métiers mécaniques, en tissage et aussi en tricotage qui oeuvrent pour une industrie textile déjà très importante …

A cette époque, et autour de cette industrie se dessinent aussi, les premières protestations, les premières grèves des travailleurs qui réclament des augmentations de salaires.

Bien évidemment, les patrons ne voient pas les choses de la même façon, cela engage des conflits…

C’est  Jules Guesde (1845-1922) (cf-photo) qui va soutenir les travailleurs textile dans leur lutte, le conflit durera plus d’un mois, des droits seront ensuite obtenus, mais de nombreux ouvriers se retrouveront sans emploi ensuite…

Rappelons que les syndicats ne seront reconnus qu’en 1884

Durant cette période de 1882,  l’Union Patronale de Roanne avait fait part de menaces, qu’ils ont mis ensuite à exécution, fermant onze métiers à tisser, et laissant ainsi plus de 3000 ouvriers et ouvrières des usines Chabrier et  Bréchard sans emploi…

Jules Guesde s’est offusqué ainsi haut et fort, et a été un grand partisan de cette lutte ouvrière de l’époque…

Puis, au fil du temps la révolution industrielle va conforter le travail déjà puissant du tissage cotonnier et de la soie sur la région Roannaise, et, l’électricité va bien sûr, contribuer elle aussi au développement de toute cette industrie. 

Au XIXe siècle, le quartier Mulsant (Riorges) se démarque dans le domaine de l’industrie textile  …

Dès 1920, les juifs fuyant alors la Pologne exposée à une grande crise économique, arrivent en masse à Roanne et s’y installent…

Beaucoup travaillent alors aux établissements « Gillet-Thaon » une grande industrie textile de l’époque surnommée « la bonneterie Juive Roannaise » qui après sa faillite, incitera donc à la création de divers petits ateliers tenus principalement par les ouvriers juifs qui seront ensuite très vite rejoints par d’autres personnes venues de la capitale.

Des maisons comme celles de Jean Girard, deProst, deGriffon, deDévernois, connaîtront alors prospérité absolue avec la bonneterie…

Le tissage prospérera aussi dans les usines Dechelette, Gotheron, Bréchard, Delorme, Deveaux, ouGiraud

Le textile, quant à lui, avec les Ateliers Roannais de Constructions Textiles nés en 1919, de Louis Elysée Crouzet, ont contribué jusqu’en 1980 au développement de l’industrie textile avec les premières machines textiles exploitées, des machines à texturer des fils synthétiques…

Le textile artificiel de la fin du XIXe siècle, fabriqué à partir de pâte de bois selon une méthode mise en vigueur par le baron Hilaire de Chardonnet, prospère également avec l’usine France Rayonne alors la plus grande usine d’Europe. 
Textiles Artificiels du Centre (TADC), puis Centre de Textiles Artificiels (CTA), puis Rhône-Poulenc-Textiles (RPT), poursuivront jusqu’en 1989, la création de l’initiale France Rayonne
L’Industrie de la bonneterie s’est développée surtout après la première guerre mondiale avec l’arrivée des métiers rectilignes…

Dans les Années 1950, Brigitte Bardot popularise le tissu vichy, qui à l’époque est fabriqué à Roanne, grâce notamment à un tout nouveau métier à tisser de quatre couleurs inventé par Lucien Langénieux.

Les technologies dites à maille, pour des accessoires de prêt-à-porter, de lingerie, des maillots de bains, divers tissus élasthane, lycra, pour des vêtements de sport, sont aussi le fruit d’un travail réalisé à proximité de Roanne à Riorges avec l’entreprise de confection « Bel Maille » qui emploie plus de cent salariés, et travaille pour des marques connues, telles, que « Zara », « Benetton », « Zannier », « Camaïeu », « Etam » …

« Carré Blanc« , « Dévernois » sont aussi de grandes maisons spécialisées dans le tissage et dans la bonneterie avec plus de 150 employés sur la région roannaise qui mettent leur savoir-faire pour les noms comme « Christian Cane », « Rhodamel », « Pauporté », « Marcelle Griffon » , « Rotkopf« .

1963 une grande crise provoque l’effondrement du textile dans la région …Les petites entreprises ne sont plus compétitives face à la modernisation des productions dites grandes séries, mises alors sur le marché … 

Quelques rappels :

  • 1733 : Invention de la navette volante
  • 1765 : Première machine à filer le coton (spinning jenny) elle remplace le rouet .
  • 1779 : Première machine à filer le coton, entièrement automatique (mule jenny
  • 1784 : Invention du métier à tisser automatique, énergie fournie par la vapeur 
  • 1829 : L’essor de la machine à coudre …

Modernisation

Au prémices de la mondialisation, dans les années 1960, l’industrie textile Habillement doit s’envisager autrement …
Ce sont dans les années 90 surtout que l’internationalisation massive, avec,bien entendu l’essor de la Chine,va tout changer…

Encore aujourd’hui l’Asie assure 80 % des exportations mondiales…

La profession s’est mobilisée en 1996, à Roanne, elle a arraché aux instances politiques le financement d’une formation à tous les salariés de la filière, pour un coût global de 32 millions de francs à l’époque. 50 entreprises ont ainsi profité de cette mesure, et plus de 2000 salariés dans une première phase et ensuite encore 20 entreprises et plus de 600 salariés. Ces actions collectives ont été décisives sur le plan de l’industrialisation du textile roannais …

La filière globale ne compte plus aujourd’hui que 140 à 160 000 emplois contre 750 000 emplois entre les années 60 et 70, effectifs qui se partagent à moitié entre le textile et l’habillement.

Les innovations de demain …

IFTH :Institut français du textile-Habillement œuvre pour les innovations de demain…

Basé à Lyon, le président Lucien Deveaux, PDG des Etablissements du même nom basés à Roanne et aux alentours, contribue à des essais physiques et chimiques réalisés en Laboratoire à Roanne, et aux textiles santé avec des essais réalisés sur Saint-Etienne, à l’innovation, la formation et la promotion des produits de demain, pour l’évolution technologique du secteur, et ainsi, la région Roannaise continuera à se faire démarquer dans le secteur textile et l’habillement.

Le secteur textile sport avec l’industrie Indetex à Roanne n’est pas en reste, puisque là encore, des études sur des tissus dits intelligents sont en cours, anti-transpiration, anti-odeur pour les produits « sportwear » de demain …Bel Maille à Riorges travaille également depuis pas mal de temps sur les concepts anti-transpiration et s’attache aussi désormais aux concepts tissu non feu …

Roanne compte aussi avec le Centre national du numérique et de l’innovation (CNNITH) depuis très peu, et, avec le soutien du Conseil Général de la Loire,  pour un plan d’actions qui vise à faire la promotion des nouvelles technologies notamment 3D pour les industries du secteur. L’objectif est de mettre des outils et des méthodes à disposition, dans le but de réduire le circuit très long jusqu’à présent de conception des articles et à améliorer le produit fini qui pourrait même s’adapter parfaitement à la morphologie du client…

L’industrie textile-habillement ne manque donc pas de projets pour demain, les états de réflexion sont en cours … 

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